Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’Americano c’est toute l’Italie dans un verre. Car c’est bien en Italie que ce cocktail est né à la fin du XIXe siècle. Et plus précisément dans le bar nommé le Campari tenu par le célèbre mixologue de l’époque Gaspare Campari. Ce dernier imagina un cocktail, initialement baptisé Milano-Torino, fruit du mélange d’amaro, de vermouth et d’eau pétillante. L’amaro étant une boisson à la jolie couleur rouge, élaborée à partir d’un mélange d’écorce d’orange et d’une multitude d’herbes aromatiques. Quant au vermouth, il est fabriqué à partir de moût de raisin et d’alcool aromatisé de plantes, d’épices et d’herbes. Ces différents ingrédients lui confèrent une douce amertume qui fit le succès du cocktail auprès des Américains. Dès les années 1910, le cocktail Milano-Torino qui reprend les villes d’origine des deux alcools qui le composent, devient Américano comme un hommage. Depuis l’Américano est incontournable du traditionnel “aperitivo”. Son destin est aussi lié à celui de la maison Gancia.
Gancia, une saga familiale qui commence avec l’Asri
Pourquoi la maison Gancia est-elle, elle aussi, intimement liée à l’histoire de l’Américano ? Tout simplement, parce que, dès les années 1950, la maison familiale implantée dans le Piémont a élaboré sa propre recette d’Americano pour en faire un apéritif devenu traditionnel. Pourtant, à son origine, la maison Gancia est plus connue pour avoir créé en 1865 le premier vin mousseux d’Italie, l’Asti Spumante. C’est Carlo Gancia qui élabore ce vin, inspiré de la technique champenoise.
Dès le début du XXe siècle,en 1919, les descendants du patriarche Carlo Gancia, établis à Canelli, élaborent un autre alcool à base de vin, le vermouth. Il est blanc et s’appelle le Gancia Bianco. 30 ans plus tard, une version colorée en rouge est développée, le Gancia Rosso. Et c’est un franc succès puisqu’ il devient le deuxième apéritif le plus consommé en Italie. Dès 1966, les Italiens découvrent le Gancia Americano qui n’est autre qu’une version largement améliorée du Gancia Rosso. La légende était née, elle perdure encore aujourd’hui. En 2020, la maison Gancia a fêté son 170e anniversaire et la composition de l’Americano Gancia reste inchangée.
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C’est donc au début du XXe siècle que l’Américano est synonyme de Dolce vita. A l’époque, beaucoup d’Américains fréquentent le pays, attirés par la douceur de vivre et la beauté des paysages. Ils apprécient aussi les vins italiens et en particulier ce Milano-Torino, préparé à base de vermouth blanc et de vermouth rouge, allongés d’eau pétillante.
Dans les années 1930, nombre d’Italiens franchissent l’Atlantique pour s’établir aux États-Unis et en Amérique latine. Ils emportent dans leurs bagages le vermouth et l’Americano qui continue à être beaucoup apprécié et consommé malgré la Prohibition.
Mais la petite histoire raconte une autre légende quant à l’origine de l’Americano, une histoire liée à celle du boxeur Primo Carnera dit l’Américano. Il faut dire qu’il fut le premier italien à devenir champion du monde des poids lourds. Et son titre, il l’a acquis aux États-Unis et plus précisément au Madison Square Garden de New-York en 1933.
On retiendra aussi que l’Américano fait partie des cocktails préférés de James Bond qui en commande un dans Casino Royale, le roman de Ian Fleming qui, pour la première fois, met en scène le célèbre agent secret britannique.
Souvent, derrière une recette, il y a un secret. Un secret préservé au fil des générations, transmis de père en fils, un secret dont on ne dévoile que quelques ingrédients. Un secret qui fait qu’un produit est unique et dispose de saveurs souvent copiées mais jamais égalées. Il en est ainsi pour l’Americano Gancia…
Car cet Américano est élaboré à partir d’une recette unique qui mêle 25 plantes différentes qui lui donne ce goût si particulier, cette douce amertume caractéristique. Toujours est-il que l’Américano Gancia contient de l’absinthe et de la l’orange amère, les deux ingrédients de base. D’autres ingrédients viennent s’ajouter comme le rhubarbe de Chine, la cannelle de Ceylan, le clou de girofle de Zanzibar, la noix de muscade d’Indonésie…
Plantes aromatiques, épices et fruits sont mélangés puis mis à infuser pendant trois semaines. Un liquide en est extrait affichant un degré d’alcool de 30 ° qui est mélangé à un vin aromatique, un peu de sucre, des arômes et des colorants. Un mélange qui se fait suivant des proportions précises 70 % de vin et 30 % de plantes et herbes aromatiques, épices et fruits. 10 jours de repos sont nécessaires pour permettre à l’apéritif de prendre toute son ampleur et de développer ses arômes. Avant d’être mis en bouteille.
Avec un degré d’alcool à 16 %, l’Américano Gancia reste léger.
On ne peut évoquer l’Americano Gancia sans préparer un Americano cocktail. 5 cl d’Américano, 5 cl de vermouth rouge et 5 cl de club soda ou d’eau pétillante. Difficile de faire plus simple. A déguster dans un verre old fashioned, parfait pour sublimer les arômes de l’Americano. Sans oublier la tranche d’orange directement dans le verre.
Un autre cocktail rappelle l’Italie puisqu’il mixe deux alcools emblématiques de ce pays : l’Americano Gancia et le prosecco. Il s’agit de l’Italiano Raspberry Spritzer. C’est un cocktail qui joue tout à la fois sur l’amertume et le fruité puisqu’on y retrouve le prosecco, l’Americano, l’eau gazeuse, mais aussi des framboises écrasées avec du sucre en poudre Des feuilles de menthe viennent décorer le verre.
Dans le Grand Américano, l’amertume est à son paroxysme puisque on y mixe l’Americano Gancia avec les saveurs acidulées du jus de pamplemousse. Une cerise et une tranche d’orange apportent la touche gourmande à ce cocktail qui se prépare dans un verre old fashioned à moitié rempli de glaçons.
Quant au Manhattan, c’est un très grand classique de la mixologie qui évoque l’âge d’or américain. Il se prépare à base de scotch whisky, d’Americano Gancia et d’un trait de bitter. A préparer dans un verre à mélange et à boire dans un verre à cocktail avec une cerise au marasquin.
S’il est idéal pour préparer des cocktails, l’Americano se suffit aussi à lui-même. Les Italiens aiment d’ailleurs le boire lors de l’Apéritivo qui permet de déguster nombre de spécialités italiennes, charcuterie et fromages, en sirotant un verre. Cette tradition née il y a plusieurs siècles est encore bien vivante, en particulier du côté de Milan.
En Italie, déguster son Americano allongé avec du tonic est courant. Et allongé à l’Asti Spumante est un plaisir sans nom. Surtout si l’on est attablé à une terrasse de bar, face à l’un des joyaux patrimoniaux de ce magnifique pays.